A en croire les données du Système intégré des données relatives à la famille, la femme et l’enfant-Nouvelle Génération (Sidoffe-NG), de janvier 2020 à septembre 2023, 94 001 cas de violences basées sur le genre ont été recensés et pris en charge et 86,17% des victimes sont des femmes et filles. 2020 à 2023, 58 469 cas, repartis comme suit, ont été recensés : 13 465 en 2020 ; 12 120 en 2021 ; 16 261 en 2022 ; 16 623 en 2023 et 19 421 à fin octobre 2024, selon l’Observatoire. Sur la période de 2020 à 2024, 3 372 cas ont été recensés dans l’Alibori ; 3142 dans l’Atacora ; 6078 dans l’Atlantique ; 6392 dans le Borgou ; 5035 dans les Collines ; 4149 dans le Couffo ; 2393 dans la Donga ; 1504 dans le Littoral ; 4475 dans le Mono ; 7018 dans l’Ouémé ; 5289 dans le Plateau et 9590 dans le département du Zou. Les VBG touchent majoritairement les personnes de 18-59 ans (69,83%) et de 15-17 ans (18,73%).Les données reparties par département par l’Offe montrent le département du Zou en tête avec 14,88%, suivi de l’Atlantique (10,49%), des Collines (9,80%), de l’Ouémé (8,50%) et du Couffo (7,77%). Ces seuls départements concentrent, à eux seuls, 58,09% des cas de VBG reçus et pris en charge en République du Bénin au cours de la période de 2020 à 2023. Par ailleurs, Parakou, Cotonou, Djougou, Abomey, Bohicon, So-Ava, Dassa, Covè, et Ouèssè, communes issues des six départements pré-citées totalisent 251.000 cas de VBG qui vont de violences physiques, économiques, psychologiques, sexuelles aux violences patrimoniales en passant par celles économiques, psychologiques et sexuelles. Ce tableau montre, à suffisance, que les actes de violences basées sur le genre persistent au Bénin.Pourtant, les auteurs de VBG risquent gros…D’après les données de l’Observatoire de la famille, de la femme et de l’enfant (Offe), le profil des auteurs des violences basées sur le genre au Bénin reste diversifié en fonction de la forme de la violence. Les auteurs peuvent être donc des conjoints, enfants, parents, éducateurs, collègues, employeurs, supérieurs hiérarchiques.Au Bénin, les décideurs politiques ont affiché une volonté claire et affirmée de faire inverser les tendances sur les Vbg en dotant le pays d’un arsenal juridique important en la matière. Parmi ces dispositifs, figurent la loi n°2011-26 du 9 janvier 2012 sur la prévention et l’interdiction de la violence contre les femmes, couvrant la violence domestique et le viol conjugal, le harcèlement sexuel, la prostitution forcée, le mariage forcé, les crimes d’honneur, les mutilations génitales féminines et autres pratiques néfastes ; la loi N°2021 – 11 du 20 décembre 2021 portant dispositions spéciales de répression des infractions commises à raison du sexe des personnes et de protection de la femme…L’ensemble de ces instruments dispose des sanctions dissuasives pour les auteurs, de Violences basées sur le genre, qui semblent les ignorer. Si le Code pénal, révisé en 2018, prévoit, pour les violences physiques et morales, incluant les coups, les blessures, les menaces et les intimidations, des peines d’emprisonnement allant de 1 à 5 ans, assorties d’amendes comprises entre 100 000 et 1 000 000 FCFA ; les infractions les plus graves, telles que le viol et les agressions sexuelles, sont passibles de 10 à 20 ans de réclusion criminelle, voire de la réclusion à perpétuité en cas de circonstances aggravantes, comme un viol collectif ou sur mineur. Les pratiques de mutilations génitales féminines, quant à elles, font encourir des peines de 5 à 10 ans de prison et des amendes allant de 1 000 000 à 2 000 000 FCFA, alors que les violences économiques et patrimoniales, visant l’exploitation ou la privation de ressources, sont sanctionnées par des peines allant de 6 mois à 3 ans, accompagnées d’amendes de 50 000 à 500 000 FCFA, selon le code pénal.pour toute personne coupable ou complice d’un mariage forcé ou arrangé ou concubinage forcé, la loi n° 2011-26 portant prévention et répression des violences faites aux femmes, prévoit une peine d’emprisonnement de un (01) an à trois (03) ans et d’une amende de cinq cent mille (500 000) francs à deux millions (2 000 000) de francs. Aussi, les violences psychologiques sont-elles punies d’une amende pouvant aller à un million (1 000 000) de francs tandis que les violences sont punies d’une amende allant de cinq cent mille (500 000) francs à deux millions (2 000 000) de francs, sans préjudice d’une réparation civile égale à la réparation compensatoire prévue par le code des personnes et de la famille. “La prostitution forcée…est punie d’un emprisonnement de un (01) an à cinq (05) ans et d’une amende de un million (1 000 000) de francs à dix millions (l0 000 000) de francs…La stérilisation forcée…est punie d’un emprisonnement de un (01) an à cinq (05) ans et d’une amende de un million (1 000 000) de francs à dix millions (l0 000 000) de francs…Toutes les pratiques traditionnelles préjudiciables aux femmes sont constitutives d’infractions de droit commun et punies comme telles", détaillent les dispositions de ladite loi.Quant à la loi 2006-19 portant répression du harcèlement sexuel et protection des victimes en République du Bénin, elle prévoit en son article 21, une amende de 100 000 Fcfa à 1 000 000 Fcfa et d’un emprisonnement d’un an à deux ans ou l’une de ces deux peines seulement, pour tout coupable de harcèlement sexuel. Pour finir, la loi 2021-11, portant dispositions spéciales de répression des infractions commises à raison du sexe des personnes et de la protection de la femme en République du Bénin, prévoit une peine d’emprisonnement de six (06) mois à trois (03) ans et d’une amende de cent mille (100 000) francs CFA à deux millions de (2000 000) de francs CFA pour toute personne qui a pratiqué sur une personne de sexe féminin, toute forme de mutilation génitale ou toutes autres opérations concernant ses organes.A l’égard de ces différents instruments, il est évident que le Bénin dispose des ressources juridiques pour décourager les auteurs de toutes formes de violences sur la gente féminine. Cependant, il urge que lesdits textes soient vulgarisés davantage pour que nul ne les ignore. L’épanouissement de la fille et de la femme béninoises en dépend.
La Rédaction
08 March 2025